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  • Photo du rédacteurCOUP DE COEUR

KIN'GONGOLO KINIATA, quand les sonorités kinoises électro-live se réveillent




Au coeur de Kinshasa la rebelle, émerge le groupe de musique peu ordinaire, Kin’gongolo Kiniata. Zala est parti à la rencontre de Julien Ekutshu Sambu, alias Bébé Mingé, 27 ans, guitariste qui accompagne les autres membres du groupe, Dicap, Lebrin, Jino Bass' et Mille Baguettes dans leur création musicale. Les cinq artistes nous envoutent avec une musique qui se fond dans l’électro, qui frôle le rock n’roll et qui caresse à la manière congolaise les rythmes du pays. Avec ce mélange subtile de sonorités marié à tes textes écrits par Lebrin, Kin’gongolo Kiniata est LE groupe de Kinshasa à ne pas rater.




Julien


Julien est né dans une famille de musiciens - père, et fils au pluriel -. En plus d'être guitariste, l'artiste est concepteur d'instruments. En effet, depuis l'adolescence, il en fabrique de toutes sortes, toujours à la recherche de sonorités inconnues. Et Julien est sans aucun doute virtuose puisqu’il joue majestueusement bien de sa guitare "Mingé"à une corde.

Avec réserve, il nous apprend qu’il a également évolué avec son collègue du groupe, Dicap, auprès du grand renommé Bebson de la Rue et de l’incontournable Strombo, deux pointures de la musique congolaise.

Julien, avec les autres membres, forts de leur expérience professionnelle et personnelle, forment aujourd’hui le groupe Kin’gongolo Kiniata pour lequel il répond à nos questions.


Comment s’est formé le groupe ?

Le groupe s’est formé en 2020. On a débuté à Bakeli, un collectif installé à Kintambo. Lebrin et moi sommes arrivés en même temps. Voyant qu’on ne pouvait pas se limiter à deux musiciens, j’ai fait appel à Jino Bass' et à Mille Baguettes et Lebrin a fait venir Dicap.


Toi, Lebrin, Juno, Ducap et Mille Baguettes, vous avez déjà un savoir, tu peux nous en dire davantage sur les membres du groupe et son fonctionnement ?

Tous les membres ont déjà leur propre expérience. Lebrin est chanteur et batteur, il a déjà enregistré des titres, c’est un passionné au coeur tendre, il porte aussi le groupe avec foi. Jino Bass', lui est musicien et joue souvent pour des églises, il a ce côté jazz qui nous plaît et il est à la basse. Mille baguettes comme son nom l’indique est à la batterie, il donne le rythme plus vite que son ombre et Dicap qui est Mongo apporte une touche qui nous est cher, celle de notre pays. Moi, je suis à la guitare, j’aime cet instrument. Chacun a sa place, on se complète mais comme on touche tous, à tous les instruments, il nous arrive aussi de tourner. Rien est figé, on s’organise pour être au top. Pour les répétitions, chacun arrive avec une mélodie ou des idées de texte, j’essaie de faire sortir ce que les membres du groupe ont dans la tête, on travaille dessus, chacun s’ajuste à l’idée puis on répète, je rajoute des partitions, chacun apporte sa touche personnelle, ça prend forme jusqu’à ce qu’on soit satisfait du rendu. C’est juste le nom de Kin’gongolo qui est nouveau par rapport à nous.


Lebrin

Que racontent vos chansons ?

On chante en lingala ce qui se passe à Kinshasa, on explique les problématiques, on chante pour les jeunes et notamment les kulunas en leur délivrant ce message « La joie de la vie c’est dans le travail », au lieu de voler, on doit travailler pour s’en sortir. On chante pour notre pays aussi, tout le monde connait les dysfonctionnements rencontrés en RDC, de même Kinshasa qui se dégrade, les massacres à l’Est, c’est notre réalité. « Toko lemba te toko luba kaka », ce qui veut dire "On ne va jamais se lasser, on va toujours dire". On veut du changement, on veut voir le changement… Et puis, il y a des thèmes comme l’amour, cela fait partie de la vie aussi et heureusement !


Certains comparent votre musique à celle de Misiki ya Fulu et Kokoko, deux autres groupes kinois, que pensez-vous de cela ? En quoi Kin’gongolo est différent ?

Oui, le public nous compare car nous fabriquons nos instruments tout comme eux. Créer un instrument c’est un fait, et savoir quoi en faire c’est un autre fait. Ce n'est pas par manque d'instruments classiques ou modernes que nous fabriquons les nôtres. Tu en trouves facilement à Kinshasa. Le Congo est reconnu universellement à travers sa musique, la rumba, les grands maîtres tels que Rochereau, Franco etc . le Congo a le monopole de la musique africaine, tous s'inspirent de cette musique congolaise. Nous, on veut apporter une touche nouvelle, Kin'gongolo Kiniata est une des branches de la nouvelle génération de musiciens nés au Congo, et nous participons à la transmission de nos savoirs. Notre recherche se trouve dans l’instrumental, dans les mélodies, dans les diverses sonorités que nous mettons en valeur. Nous cherchons à capter ces sons pour en faire une musique qui ressemble aux membres du groupe selon les inspirations, selon également le bagage personnel de chacun. Le fait d'avoir travailler avec Bebson nous a permis d'avoir une écoute musicale et aujourd'hui, de créer un nouveau genre de musique. On veut faire voyager le public dans nos différents univers, on cherche à l’envoûter et faire comprendre que même ici à Kin, avec nos savoir-faire tout est possible et de ce fait que notre musique est également universelle, ouverte au monde.


Jino Bass'



Avez-vous déjà un public confirmé ?

Pour l’instant on a un petit public, on s’installe progressivement. Il est déjà difficile de trouver des scènes à Kinshasa mais la situation covid qui fait blocus dans le monde artistique en général, ne nous épargne pas. On sait que notre style est particulier, que le public kinois est aussi difficile mais quand on répète, les gens à l’extérieur viennent nous voir et sont étonnés de découvrir nos instruments pour un tel rendu. On ne compte pas s’arrêter là, on sait que c’est le genre de sons qui va plaire au delà des frontières, nous sommes confiants et on travaille pour aller plus loin.



Quelles sont les difficultés rencontrées à Kinshasa ?

La première c’est la réalisation des instruments, il ne faut pas croire comme certains ont tendance à le penser, que nous allons récupérer des objets dans les poubelles, non. On doit acheter certains instruments pour les modifier ou en faire d’autres et ça coûte de l’argent. Puis vient le lieu des répétitions, on a déjà été obligé de bouger plusieurs fois. On pourrait avancer plus vite. C’est le mal de Kinshasa, le manque de lieux dédiés à la création artistique, du coup tout freine. S’en suit le problème du stockage des instruments. Tu peux imaginer comment on se déplace dans les transports en commun kinois avec nos instruments. C’est beaucoup d’énergie et de temps qui partent en fumée.


Dicap


Qu’est-ce qui se profile pour vous dans les mois à venir ?

On va lancer un premier album, il nous faut encore un peu de temps pour les enregistrements. Et on espère bien sûr des tournées, des résidences pour nous permettre d’être posés dans notre création. Bons nombres d’artistes congolais ont besoin de cela, d’être posés.


Qu’est-ce que veut dire Kin’gongolo Kiniata ?

Quelques années auparavant, il y avait des vendeurs ambulants de pétrole pour les lampes qui brûlaient la nuit dans certaines communes sans électricité. Pour se faire entendre des habitants dans les parcelles, ils jouaient de la musique avec une boite de conserve qu’ils frappaient sur une bouteille en verre. Ils produisait le son kingongolo. On a pris ce nom parce que notre musique s’inspire et utilise les mêmes sonorités de la ville mais c’est aussi symbolique, c’est le symbole de la lumière dans la nuit. Kiniata veut dire « écraser » et nous, on ne s’arrête pas devant les barrières, on les écrase aussi pour avancer !


Mille baguettes


 


 


Interview Avril 2021 et photos - Laetitia Bouzouita

Vidéo - Nizar Saleh

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